Cette mesure annoncée par Bercy vise à anticiper l’éventualité d’une seconde vague, mais aussi à écouler les invendus accumulés depuis le mois de mai.
Le temps de la pénurie et du rationnement semble bel et bien fini. Selon l’Union des industries textiles en France (UIT), le stock de masques invendus atteindrait 40 millions d’unités. Au plus fort de la crise sanitaire, alors que la demande était exponentielle, plusieurs dizaines de PME avaient réorienté leur production en direction de ce bien très rare que se disputaient médecins de ville, hospitaliers, commerçants et particuliers (mais aussi certaines administrations territoriales et préfectorales).
Problème : cette fabrication de masse s’est, après le déconfinement du 11 mai, assez rapidement heurté à l’implacable réalité du marché : le ralentissement de l’épidémie a entraîné une baisse continue des commandes, une mécanique trop brutale pour permettre à la totalité des produits de s’écouler.
Toutefois, ces masques « Made in France » vont sans doute retrouver un second souffle : mercredi, la secrétaire d’Etat à l’Economie Agnès Pannier-Runacher, a annoncé l’entrée en vigueur prochaine d’une mesure préventive qui obligera les entreprises à se constituer un stock capable d’équiper leurs salariés pendant dix semaines.
Cette disposition s’inscrit dans une nouvelle stratégie sanitaire visant, en cas de seconde vague épidémique, à faire reposer l’effort de fourniture sur les entreprises, et non plus sur les services de l’Etat.
Des productions…sans contrat
En réponse à une question posée au Sénat par la présidente de la délégation aux entreprises, la sénatrice Elisabeth Lamure (LR) à propos des difficultés rencontrées par le TPE/PME qui ont investi de l’argent dans la production de masques, sans pouvoir les vendre, la Secrétaire d’Etat à l’Economie a rappelé à l’intention des employeurs qu’ils ont désormais à leur disposition une offre 100% française. Cette nouvelle obligation sera formalisée dans une note officielle à adresser aux entreprises et signée par Agnès Pannier-Runacher (Bercy), la ministre du Travail Muriel Pénicaud et le ministre de la Santé Olivier Véran.
Afin d’étayer son argument, la collègue de Bruno Le Maire a cité l’exemple d’une entreprise tricolore qui aurait fabriqué « un stock de 20 millions de masques à usage unique » sans commande préalable ni contrat permettant de faire correspondre cette production à une demande.
La Secrétaire d’Etat a aussi rejeté la faute sur certaines collectivités locales qui, après avoir sollicité des entreprises de leurs territoires, ont annulé des commandes.